Depuis plusieurs années, les membres associatifs de la Commission des Droits et de l’Autonomie de la Personne Handicapée (CDAPH) s’alarment du manque de places dans les établissements et services médico-sociaux. Les droits que la CDAPH ouvrent aux personnes avec handicap dans ce domaine de la prise en charge ne sont que rarement effectifs. On estime que 58 % des enfants et 66 % des adultes vivant avec un handicap n’ont pas accès à leurs droits ouverts par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH).
C’est pourquoi une dizaine d’associations a créé en 2022 le GARDPH, Groupement des Associations pour le respect des Droits des Personnes Handicapées.
Elles souhaitent attirer l’attention des décideurs et de tous les concitoyens réunionnais sur les situations dramatiques engendrées par le manque cruel de solution pour le handicap à la Réunion.
Elles estiment ne pas pouvoir se satisfaire que quelques 2 825 enfants et 5 400 adultes soient ainsi privés des prises en charge dont ils ont besoin et auxquelles ils ont droit.
Les associations regroupées au sein du GARDPH, représentées par Christine Caruel :
• Adapei (Association départementale de parents et d’amis des personnes handicapées mentales)
• Adedim-Afadeha (Association de familles pour la défense et la représentation des personnes gravement handicapées)
• Bel Avenir 974 (Institut médico-éducatif)
• Autisme Réunion
• Collectif AVEC (accompagnement à la vie sociale à l’enfance et à la citoyenneté)
• Dys Semblable (enfants porteurs de troubles spécifiques du langage et des apprentissages)
• Saint-Paul Handisport
• Oriapa (personnes âgées)
• Unafam (Union Nationale de Familles et Amis de Personnes malades et/ou handicapées psychiques)
Il faut imaginer le parcours de vie d’une personne comme un voyage. Ce voyage pour une personne vivant avec handicap c’est un entonnoir de la naissance à la fin de vie : à 3 ans puis à 6 ans pour l’entrée à l’école, à 12 ans pour le collège, à 16 ans pour le passage au lycée ou en Institut médico-professionnel. À l’âge adulte c’est le blocage complet.
Depuis la départementalisation de la Réunion en 1946, le retard d’équipement médico-social n’a jamais été comblé. Les politiques du handicap, décidées au niveau national, ne tiennent pas compte de ce décalage, ni de la croissance démographique de notre jeune département, ni la misère sociale et du chômage endémique à la Réunion.
En métropole, le handicap touche 2% de la population, à la Réunion c’est 4% de la population.
La politique de l’inclusion, voulue par le gouvernement, ne peut s’appliquer ici de façon brutale.
Il y a encore besoin de places en institution, notamment dans le champ du handicap mental, déficience intellectuelle, autisme, déficience psychique. Il serait judicieux de passer d’une logique de places à une logique de parcours. Difficile cependant quand toutes les routes présentent des impasses ou des sens interdits !
La seule structure sociale réellement inclusive reste la famille, mais le handicap percute toute la vie d’une famille. La vie de la personne handicapée elle-même, celle du couple parental qui bien souvent explose, mais aussi celle des frères et sœurs qui sont en souffrance. Toute la vie de la famille est impactée : son logement, le travail, les relations sociales. Dès lors ce sont souvent des mamans seules qui vieillissent avec leur adulte handicapé jusqu’à la limite de leurs forces.
Le Groupement réclame notamment :
• Le doublement des places de MAS, d’ESAT, de SAVS, de SAMSAH, de SESSAD (autisme et handicap mental) et d’accueil temporaire ;
• Le développement de l’habitat inclusif et accompagné ainsi que de solutions d’hébergement alternatives à l’institution médico-sociale ;
• La réduction de la taille des établissements scolaires du second degré et leur accessibilité aux élèves en situation de handicap.
Christine Caruel de conclure « La grandeur d’une société se mesure à l’attention qu’elle porte à ses membres les plus fragiles. Nous demandons l’accès à leurs droits pour les Personnes en Situation de Handicap de La Réunion. »
GARDPH - La Réunion, zone de non-droit pour le handicap